Un gendarme de l'Allier condamné pour provocation publique à la haine raciale

Un gendarme de 54 ans a été condamné à trois mois de prison avec sursis et 600 euros d'amende, cet après-midi, au tribunal correctionnel de Montluçon. Il a été reconnu coupable de provocation à la haine raciale et injure publique envers le président de la République, par voie électronique.

Il avoue devant les juges être un "contestataire invétéré de la politique de Macron". Alors, courant 2021, cet habitant d'Huriel n'y avait pas été par quatre chemins, via son compte Facebook qui comptait alors une vingtaine d'abonnés. "Macron, la grosse me..., un idéaliste qui n'a rien compris à la France, pourfendeur de la France gauloise, mais sûrement pas africanisée". "C'est la réponse à un énervement, à une frustration. Je suis très énervé par sa politique", tente-t-il d'argumenter.

Candidat aux législatives dans le Cantal sous la bannière du parti d'extrême-droite SIEL (Souveraineté, indépendance et libertés), il avait également partagé, via le réseau social, sa vision de la France. Et notamment de son équipe de football, alors que se déroule l'Euro 2021. "Bravo l'Italie, la seule équipe de blancs (...) qui va battre l'équipe d'Afrique soutenue par le gouvernement français", écrit-il alors dans une publication visible de tout le monde. "Je ne reconnais pas l'équipe de France car il y a beaucoup de joueurs qui sont d'origine africaine", analyse-t-il, à la barre. Mais sa vision des choses est plus profonde.  « Je m’insurge, lance-t-il, de voir la négation de nos origines indo-européennes". Pour lui, ces messages sont une "réponse à des mouvements qui prônent la suprématie noire et musulmane". Ce militaire jusqu'ici sans histoire assure ne vouloir stigmatiser personne. Juste relayer "une opinion historique".

Poursuivi pour un troisième message dans lequel il donnait raison à Hitler qui avait estimé que la France s’était « vautrée dans le métissage », il assure ne pas "encenser" le dictateur allemand, mais avoir estimé que "cette phrase était juste".

En requérant trois mois de prison avec sursis, 500 euros d'amende et une privation d'éligibilité de trois ans, le procureur avait estimé que ces messages électroniques avaient été de nature à "créer un sentiment de rejet envers la population affichée". Le tribunal a en partie suivi ses réquisitions. Il n'a en revanche pas prononcé de peine d'inéligibilité.

Depuis les faits, le gendarme, après un temps d'arrêt maladie, bénéficie d'une permission. Il a indiqué avoir supprimé sa page Facebook.

L'avocat du prévenu a indiqué, dès la fin de l'audience, réfléchir avec son client à l'opportunité de faire appel.

Le récit, au Palais de Justice de Damien Tardieu.